Que faut il accepter, que faut il refuser d'un héritage, d'un nom ?
Constance Debré ne se contente pas d'envoyer tout valser.
Elle vit vrai. Elle écrit cash.
Sa trajectoire de naissance, engluée dans une famille bourgeoise de médecins et de ministres, semblait faussement toute tracée : un nom, des études brillantes, une carrière d'avocate, un couple, un enfant...
Et puis ? Et donc ? Et alors ?
" (...) J'ai fait du droit. J'ai fait du droit pour comprendre. Pas pour être avocat. Avocat, c'est venu plus tard, quand il a fallu choisir son camp. Ceux de ma famille font la loi, je préfère plaider contre, ceux de ma famille sont dans le camp des vainqueurs, je préfère les vaincus (...)".
Elle ne fera pas que casser les barreaux et s'affranchir de sa cellule natale. Si elle vit comme elle vit, si elle écrit ce qu'elle écrit, ce n'est pas pour elle, ce n'est pas par goût personnel, ce n'est pas pour son petit confort personnel. C'est par rapport à l'ordre des choses, c'est parce qu'elle doit faire ce qu'elle fait sinon le monde serait fou.
Constance Debré est une pensée qui vomi le déni et l'aveuglement collectifs, qui donne à réfléchir aux mécanismes d'enfermement tissés depuis l'enfance.
" (...) Voilà ce que je pense, que je sauve le sens du monde avec ma vie. (...) C'est parce qu'à un moment quelqu'un doit faire ce que je fais (...).
Qu'on en peut plus de la petite obscénité de la bourgeoisie, des familles, de l'enfance (...) Parce que ces trois choses, la famille, l'enfance et la bourgeoisie, se tiennent la main dans ce cirque fou dans lequel on nous enferme (...)"
Vous l'aurez compris, Constance Debré ne fait pas dans la littérature. Et elle est ne fait pas davantage dans la dentelle.
" (...) Je voudrais qu'on ne me dise pas d'être sympa, polie, qu'il faut faire attention avec mes phrases, qu'il ne faut pas donner aux gens l'impression que je leur crache à la gueule (...)"
Se fout-elle de tout ? Certainement pas. Elle pense, elle acte et elle oeuvre sa vie pour une liberté ultime.
" (...) La vérité c’est que je suis le contraire de quelqu’un qui s’en fout. Tout ce que je fais c’est parce que je ne m’en fous pas (...)."
Gros gros coup de coeur !
« Moi, je ne réalisais pas vraiment ce qu’on allait faire là-bas.
On vivait minute par minute, et c’est ça la vie, finalement, c’est : minute par minute, le reste, c’est du vent. »
Édith se sait gravement malade. Elle a convaincu son mari et leurs quatre enfants de l’accompagner à Bâle, en Suisse, où la mort volontaire assistée est autorisée.
Elle a choisi le jour et l’heure.
Le temps d’un dernier week-end, chacun va tenir son rôle, et tous vont faire l’expérience de ce lien inextricable qui soude les membres d’une famille.
Dans un road trip tendre et déchirant, Carole Fives dresse avec délicatesse le tableau d’un clan familial confronté à l’indicible et offre la parole à ceux qui restent et qui acceptent un choix de non vie.
Un sujet complexe abordé avec humour, sensibilité, grande justesse et finesse.
RENCONTRE AVEC LAURA EL MAKKI
Jeudi 9 novembre 2023
Sommes-nous capables de nous reconnaître dans la nuit ?
Quel jour sommes nous ? Dans quelle contrée ?
Un matin comme un autre, le soleil ne se lève pas. Les bêtes disparaissent. Les voitures et les téléphones cessent de fonctionner. Et c'est tout un village, le monde peut-être, qui est à l'arrêt, plongé dans le noir.
La jeune adolescente Anna qui vient de connaître l'amour, Ethel qui a perdu depuis longtemps le fil de sa vie, Josselin qui porte sur le visage les traces monstrueuses d'un accident, le petit Gautier, Pierre...tous cherchent à (sur)vivre dans cette nuit souveraine.
Une femme étrange, vivant en retrait du village, est vite soupçonnée d'avoir jeté un sort au ciel et devient l'objet de toutes les
obsessions...
Colossale, éblouissante, la lune seule les éclaire tous, désarmés et tâtonnants. Elle les guide et peu à peu les transforme, remettant tout en jeu : leurs choix passés et leurs désirs enfouis.
Et si, loin d'être la fin du monde, cette nuit était le début de leur monde ?
Laura El Makki offre un très beau roman choral aux ambiances mystérieuses, emprunt d'une angoisse collective nocturne, prolongée qui transforme le paysage et les êtres.
Autrice de plusieurs biographies (Henry David Thoreau et H.G. Wells - Les Soeurs Brontë, la force d'exister), Laura El Makki est également productrice de radio et de podcasts. Elle a notamment dirigé les séries Un été avec Proust (2013) et Un été avec Victor Hugo (2015) sur France Inter adaptées en livres aux Éditions des Équateurs.