Touchant un sujet peu représenté dans le roman graphique à savoir les désirs, et surtout les désirs féminins, « Le Chemisier » trace la route d’une jeune femme perdue à la recherche de soi même en prenant le parti de faire d’un simple objet le catalyseur de toute une remise en question et d’un grand bouleversement dans la vie du personnage principal. Découpé presque à la manière d’une course poursuite où tout s’enchaîne de manière effrénée avec un important crescendo dans ce que vit cette jeune femme Bastien Vivès nous emmène avec son style habituel très épuré dans une œuvre mettant en scène une sexualité débridée et assumée flirtant très souvent avec l’excès et le danger sans jamais tomber dans la moralisation ou le jugement. Un récit à ne pas mettre entre toutes les mains mais dont l’histoire nous emporte très vite et nous laisse seul face à notre interprétation d’une œuvre graphique brute et sans concession à la thématique bien plus profonde qu’il n’y paraîtrait au premier abord.
Quand il s'échappe de Titeuf, ZEP voit loin et donne à réfléchir aux place et rôle de l'homme sur terre.
Il anticipe le monde de demain.
Et c'est passionnant.
Après "The End", qui révèle la puissance de la nature tel un thriller botanique où les arbres se rebellent contre l'humanité, sa toute dernière BD "Ce que nous sommes" explore le "nous" augmenté.
Il pose la question de l'accès au savoir selon l'appartenance sociale grâce à l'assistance technologique dans une société hyperconnectée.
ZEP offre une fois de plus, avec Constant, son héro, une BD futuriste voire anticipatrice (?) qui invite aux questionnements philosophiques de l'Evolution et de ses dérives existentielles.
L'homme dans la BD de ZEP est augmenté. Plus la peine d'être scolarisé. Constant a appris 15 ans d'école en 3 minutes.
Il parle 12 langues. La nourriture, les boissons, tout cela a disparu, au profit de gélules.
La sexualité ? Virtuelle. Vous pouvez être ce vous voulez quand vous voulez.
Le Data Brain center stocke toutes les intelligences. Constant fait partie de la première génération à être née avec un second cerveau numérique.
30 ans qu'il existe.
Mais s'il a le pouvoir d'augmenter l'homme, il n'a pas le pouvoir de réduire les inégalités.
En résumé, plus on a les moyens, plus on est augmenté.
C'est percutant, c'est brillant et cette lecture ouvre et éclaire bien plus que les yeux !
Léopoldine, fille aînée et enfant chéri de Victor Hugo se noie le 4 septembre 1843. Son père a quarante et un. Déchiré par la perte, il se réfugie dans le silence pendant trois ans.
Une période de déflagration pour l'homme meurtri en son âme. Lui qui ne cessait de composer, ne publie plus un seul poème, plus un vers, plus rien. De ces trois années muettes vont émerger ses plus grands chefs d'oeuvre, les plus violents aussi.
Conservateur, proche du pouvoir, Hugo devient révolutionnaire. Il fuit les faussetés mondaines, les postures, les impostures, les artifices. Il hait les mensonges qui oppressent et les richesses qui écrasent.
De ce qu'il avait nommé "Les Misères", des écrits jaillissants sous la bienveillance et l'admiration de sa femme, ses enfants et Juliette Drouet, sa maîtresse fidèle et accompagnante, naîtront "Les Misérables".
Ses douleurs intimes révèlent ce qui deviendra son nécessaire engagement politique en faveur des plus vulnérables.
Hugo s'érige et crie la vérité par-delà le sensible.
Pour lui, un monde politique soumis aux plus riches n'est pas une fatalité. Il est faux, il est contre nature, il offense la splendeur du monde réel.
Sa vérité sera celle des plus démunis.
Son appétence et génie d'écriture retrouvés avec "Les Contemplations" feront que la tristesse et la joie ne seront qu'une : la vérité triomphale de la poésie.