Lauréate du Femina étranger il y a dix ans pour son titre "Certaines n’avaient jamais vu la mer", la romancière américaine d'origine japonaise Julie OTSUKA explore à merveille, dans ce nouveau roman, le grand âge et ce qui se noue dans les dernières séquences d'une vie.
Elle offre un texte poignant sur la fin de vie d'une vieille dame, Alice, qui glisse doucement vers la démence.
Alice qui va à la piscine pour faire ses lignes de nage. Dans un bassin aux allures de huis clos chloré, elle fait partie d'une communauté de nageurs, réglés comme du papier à musique, ondulant dans un ballet parfaitement orchestré et chorégraphié.
Alice trouve un vrai réconfort à nager "là en bas". Elle pense : "Là en bas", se trouve la tranquillité, loin du fracas du monde de là-haut".
Lorsqu'une fissure apparaît au fond du bassin, puis deux, puis des dizaines, ce sont en réalité d'irréversibles fêlures qui s'annoncent pour son cerveau.
Alice oublie peu à peu presque tout. Mais elle se remémore les moments importants de sa vie : son enfance, la guerre, son internement dans un camp, son amoureux, son mariage, la perte de sa première fille "parfaite" et...Et la relation compliquée avec sa seconde fille qui essaie de trouver des solutions et cherche une institution pour y accueillir dignement sa mère, non sans peine.
Alice dans sa ligne de nage qui remonte à la surface, fait des longueurs, la dernière, puis voit venir l'heure de fermeture de la piscine.
Alice dans sa ligne de vie qui revit ses souvenirs, rythme ses émotions, puis voit venir sa fin annoncée.
Julie OTSUKA déploie dans ce roman une douce langue métaphorique. Elle capte les variations, les rétrécissements et les fragilités imposés par le gouffre du temps comme les moments suspendus qui illuminent une vie irrémédiablement tendue vers la mort. Elle confirme ici un immense talent et sa pleine capacité à explorer le beau et le dramatique dans un style à faire pâlir.
Ilaria, huit ans, est enlevé par son père à la suite de la rupture de ses parents. Commence alors un road-trip à deux à travers l’Italie, raconté à hauteur d’enfant et peuplé de rencontres qui changeront Ilaria à jamais. Un superbe monologue intérieur à l’écriture ciselée.
Nicolas Martin nous livre un roman d'anticipation à la croisée de 1984 et de La servante écarlate. Baisse des naissances et montée de l'extrême-droite, suivez le journal de bord de Typhaine, une des mères pondeuses de la Future Nation. Bouleversant, voire glaçant, et surtout révoltant !