C'est avec un style impeccable que David Chariandy ne craint pas de creuser au plus profond le sens de l’esclavage. Il en revisite l’histoire de ses origines et les chemins parcourus. Il reconstitue le parcours de sa famille, fait de migrations et de luttes permanentes. Avec intelligence et délicatesse, l'écrivain s'adresse à sa fille aînée de 13 ans en interrogeant avec justesse la signification du racisme ordinaire. Il ose mettre des mots justes sur les émotions qui l'ont tatoué à vie, depuis son plus jeune âge, blessures à jamais indélébiles et profondément enfouies jusque-là. Il en résulte un manifeste antiraciste limpide et édifiant. Cette lettre est un geste de transmission, une ode à la liberté, un magnifique cri d’amour adressé à sa fille. Ce livre est courageux et nécessaire.
En 2013, Gabrielle FILTEAU-CHIBA décide de changer de vie. Elle aspire à un rythme de vie plus lent et plus près de la nature. Elle vend ses affaires de citadine, quitte Montréal, achète une terre près de la rivière Kamouraska à Saint-Bruno et emménage dans une cabane rustique du Bas-du-Fleuve.
Elle y vit sans électricité et sans eau courante et s'y projette pour quelques temps. Piégée par une vague de froid, elle s’encabane pendant 10 jours.
En un très court récit, et par les pensées d'Anouk, son double fictionnel, elle raconte le rude hiver, isolée dans les bois, entre nuits blanches, luttes acharnées contre le froid et les disettes imposées.
Elle décrit dix jours d'une vie de solitude profonde qui l’ont inspirée et qui l'ont amenée à tenir un journal quotidien qui deviendra finalement un livre. Elle s'imagine entourée de coyotes, elle s’émerveille des aurores boréales et des étoiles filantes. Fiction ou réalité ? Elle dira plus tard : « Je me suis imaginé des choses qui ne sont peut-être pas arrivées. Dans un délire d’avoir froid et de ne pas dormir. Tes peurs prennent plus de place. Tu ne sais plus s’il y a quatre ou quarante coyotes dehors ».
"Encabanée" est un retour à soi, un voyage intime, une séquence choisie d'existence ascétique. Aux phases d'allégresse succèdent de vraies périodes de doute et de belles réflexions sur notre façon d'habiter le monde.
Marie CHARREL est journaliste au journal Le Monde. Dans ce sixième roman, elle s'empare de l'incroyable destin de Sylvin Rubinstein, prodige du flamenco, juif, résistant et figure injustement oubliée de l'histoire. Elle propose un récit historique captivant et brûlant. Une histoire familiale à la beauté singulière. Un ballet de personnages superbe et incandescent qui embrase les quatre coins de l'Europe. Un incroyable destin d’artistes épris de liberté, rattrapés par la folie du monde et prêts à se battre jusqu’au bout pour défendre leurs passions et leurs convictions.
La construction du roman est parfaite et la plume magnifique. Une lecture magique.